L’école des légionnaires

Les questions des frontières et d’immigration n’ont jamais été autant d’actualité que pendant la période de crise sanitaire. Elles prennent également une part prépondérante dans l’agenda politique, que ce soit celui du gouvernement ou de ceux des candidats à l’élection présidentielle. Dans ce contexte, il est surprenant de constater qu’il existe une forme d’immigration acceptée, valorisée et même affranchie de toutes polémiques, et qui dure depuis près de 200 ans en France. Cette immigration concerne plusieurs milliers de jeunes hommes, venus des quatre coins du monde, et qui souhaitent rejoindre la mythique Légion étrangère.

Cette unité de l’armée française est unique en son genre. C’est la seule institution militaire dans le monde qui recrute et forme quasiment exclusivement des étrangers, dans le but de combattre pour une nation.

Depuis 1831 et sa création par le roi Louis Philippe, la Légion étrangère est de tous les combats et de toutes les guerres. Les “képis blancs” représentent aujourd’hui une force de 9000 combattants, exclusivement composée d’hommes et venus de 150 pays différents.

Ils ont entre 17 et 40 ans au moment de leur engagement et la plupart ne parlent pas français en arrivant à Aubagne, la maison mère de la Légion, là où débute leur nouvelle vie.

Après une batterie de tests physiques et psychologiques, ainsi qu’une enquête poussée sur son passé, un seul candidat sur dix aura l’opportunité de suivre la formation des légionnaires.

Avant de prétendre au statut de légionnaire et, pour certains d’entre eux, obtenir une naturalisation française, les engagés volontaires passent quatre mois d’instruction au 4e régiment étranger de Castelnaudary. C’est dans cette petite ville du sud-ouest de la France que ces étrangers vont apprendre le français, le maniement des armes et plus largement le métier de soldat.

Pour certains, la découverte est totale, pour d’autres, il s’agit d’une continuité, car il n’est pas rare de rencontrer des anciens militaires ayant déserté l’armée de leur pays d’origine.

Au cours du premier mois d’instruction, les engagés volontaires sont isolés dans une ferme, coupés du monde et loin de la civilisation. Privés de confort et de leurs proches, ils apprennent à se connaître et à vivre ensemble.

“Chaque légionnaire est ton frère d'arme, quelle que soit sa nationalité, sa race, sa religion. Tu lui manifestes toujours la solidarité étroite qui doit unir les membres d'une même famille.” Cet article 2 du code du légionnaire, que chaque engagé doit apprendre par cœur, souligne l’importance de la cohésion au sein de cette unité dont la devise est “Legio patria nostra”.

Comment sont formés ces combattants étrangers ? Comment font-ils pour apprendre la langue française en si peu de temps ? Comment fait-on pour créer et maintenir une cohésion au sein d’un groupe constitué d’hommes qu’a priori tout oppose ? Qui sont ces “képis blancs” qui ont quitté famille et patrie pour combattre pour un pays qu’ils ne connaissent pas ?

Texte et photos : Fred Marie

 
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