Mer d’Aral : la jeunesse change de cap

Le désert s’étend là où les bateaux accostaient. Moynak, ancien port de pêche prospère du Karakalpakstan (Ouzbékistan), a longtemps symbolisé la catastrophe écologique provoquée par le détournement soviétique des fleuves alimentant la mer d’Aral. Entre 1960 et aujourd’hui, celle-ci a vu sa superficie et son volume d’eau réduits de 90 %. Depuis l’effondrement de l’URSS, la région a alors connu un long déclin, entre chômage, isolement et perte de repères.

Pourtant, une nouvelle génération émerge : des jeunes connectés, ambitieux, tiraillés entre leurs rêves d’ailleurs et la volonté de redonner un souffle à leur ville natale. Ils ont grandi près des carcasses de navires, entre les récits de leurs grands-parents, dernière génération à avoir vu la mer, et l’arrivée soudaine des réseaux sociaux, notamment grâce à l’amélioration des infrastructures numériques pendant la pandémie de Covid-19.

Koke compose des sets électro inspirés des traditions locales, Sabrina rêve de faire carrière à New-York et Mansur guide les touristes, venus découvrir les cicatrices de la mer disparue. Tous incarnent une génération charnière. Derniers héritiers d’un passé soviétique en ruines et d’une mémoire maritime en voie d’oubli, ils sont aussi les premiers à grandir dans un Ouzbékistan qui s’ouvre au monde, façonné par l’arrivée d’internet et des réseaux sociaux, par le développement du tourisme et les premières manifestations culturelles d’envergure comme le festival Stihia, au coeur du désert d’Aralkoum.

À travers eux, Moynak ne se résume plus seulement à une catastrophe oubliée, mais devient le théâtre discret d’un renversement : celui d’une communauté qui, entre mémoire et mutation, tente d’imaginer un futur là où il n’y avait plus d’horizon.

par Julie Gleyze - Reportage complet (texte et photos) sur demande

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