Solidarité Défense

Sous les voûtes majestueuses de la salle des Colonnes, aux Invalides, l’effervescence règne. Le 15 octobre 2025, civils, militaires, élèves de 2B de l’école Notre-Dame de France, salariés et jeunes d'un EPIDE - Etablissement pour l'insertion dans l'emploi et bénévoles s’affairent autour des tables où s’empilent cartes, sacs, objets symboliques et dessins d’enfants. Tous participent à une même mission : préparer les 10 000 colis de Noël destinés aux soldats français déployés loin de chez eux, en opération extérieure ou intérieure.  Accueillie par le Gouverneur des Invalides, le Général de corps d’armée Christophe de Saint Chamas, l’opération s’est déroulée en présence de Jean-Marie Bockel, président de l’association Solidarité Défense, qui œuvre depuis trente ans à perpétuer cette belle tradition unissant la Nation et ses armées, rappelant à chaque militaire qu’il n’est jamais oublié.

Une tradition qui unit civils et militaires depuis 30 ans
Depuis près de trente ans, Solidarité Défense alterne à sa présidence un civil et un militaire : une organisation qui illustre la volonté de renforcer le lien entre la nation et les forces armées. L’organisation soutient les blessés, les familles endeuillées et les militaires en mission. Mais c’est la confection des colis de Noël qui reste son action la plus emblématique depuis sa création dans les années 1990. Cette opération fédère toutes les composantes de la société : institutions, entreprises, mécènes, bénévoles et jeunes. Chaque année, ses bénévoles se retrouvent ainsi aux Invalides pour emballer les colis de Noël. Ces paquets rejoindront ensuite les bases françaises aux quatre coins du monde, mais également les unités déployées sur le territoire dans le cadre de l’opération Sentinelle. Dans chaque colis figurent la copie d’un mot manuscrit du président de la République, une carte de vœux du président de Solidarité Défense, un objet utile (cette année un porte-médaille et un coussin de voyage), quelques petites attentions et, surtout, des dessins d’enfants. Ces dessins sont considérés comme le cœur symbolique du projet : ils rappellent aux militaires qu’ils ne sont pas oubliés et expriment l’estime que leur porte la nation. 

Des attentions qui comptent
Pour la docteure Christine-Florence Roullière, spécialiste du stress post-traumatique et administratrice de l’association, ces colis représentent un soutien précieux. Elle parle d’un
« moment fort de l’année », un instant où la distance entre civils et militaires s’efface. Les dessins d’enfants, selon elle, sont souvent les plus attendus : « Ils sont remplis de sincérité, d’affection, parfois écrits comme s’ils s’adressaient à un parent. Pour les soldats, c’est un rayon de soleil au milieu d’opérations souvent difficiles.» Au-delà du symbole, ces paquets représentent un lien tangible avec la France. Pour des soldats déployés parfois pendant plusieurs mois, c’est un geste qui brise l’isolement, la médecin y voit une forme de gratitude partagée. Le général Xavier Foissey, délégué général de Solidarité Défense, insiste également sur leur importance : « Ces dessins sont la partie la plus émouvante des colis. Ils montrent que le message passe dès le plus jeune âge. Les enfants comprennent ce que signifie servir la France. »

Un engagement bénévole fidèle et ses milliers d’écoliers mobilisés
Chaque année, des centaines de bénévoles se mobilisent. Parmi eux, Annick N. fait partie des fidèles. Engagée depuis de nombreuses années, elle participe à la confection des colis mais aussi aux visites dans les hôpitaux militaires. « Ma motivation est d’abord patriotique », explique-t-elle. « C’est une façon d’agir concrètement, de montrer notre soutien à ceux qui assurent notre sécurité. » Elle souligne la dignité et la simplicité des militaires rencontrés : « Ils ne demandent rien, mais ils sont profondément touchés par ces marques d’attention. » À ses yeux, l’opération est avant tout une expérience collective : « C’est une chaîne humaine où civils, mécènes et lycéens travaillent ensemble. Ce mélange des générations et des milieux crée un vrai sentiment d’unité. » Pour cette édition 2025, 700 écoles à travers le pays ont participé, envoyant plus de 30 000 dessins. Chaque colis en contiendra trois. Ces productions, souvent accompagnées de quelques mots simples – « Merci de nous protéger », « Joyeux Noël, soldat » – sont autant de témoignages d’affection que de reconnaissance. Le général Xavier Foissey espère que les militaires prendront quelques minutes pour répondre à ces messages, chaque dessin comportant l’adresse mail de l’école. « Un simple mot de remerciement, explique-t-il, suffit à boucler ce lien entre les élèves et les soldats. »

Un soutien institutionnel
L’opération s’est déroulée en présence de plusieurs autorités militaires et civiles, parmi lesquelles Loïc Mizon, général de corps d’armée et gouverneur militaire de Paris ; Olivia Penichou, déléguée à l’information et à la communication de la Défense ; Jacques Margery, médecin général des armées et directeur central du Service de santé des armées ; ainsi que le général Fabrice Feola, commandant du Centre du soutien des opérations et des acheminements. Leur présence témoigne de l’importance accordée à cette initiative par l’institution militaire.

Les colis prêts à rejoindre les bases 
Au fil de la journée, les cartons s’empilent dans la salle des Colonnes, prêts à rejoindre les convois logistiques. À chaque ruban noué, c’est un peu de chaleur humaine qui s’envole vers des terrains parfois hostiles. Cette chaîne de solidarité, discrète mais tenace, illustre ce lien rare entre la société civile et ceux qui la protègent. À Noël, alors que la plupart des familles se retrouvent, ces milliers de paquets porteront jusque dans les bases françaises le message d’une France reconnaissante que le général Foissey résume ainsi : « Ces colis rappellent à nos militaires que la Nation pense à eux, même à des milliers de kilomètres. C’est une façon simple, mais profondément humaine, de dire merci. »

par Audrey Rodrigues - Reportage complet (texte et photos) sur demande

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